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Le dernier qui s'en va éteint la lumière de Paul Jorion

Résumé

Le genre humain se découvre, à sa très grande surprise, au bord de l’extinction. À cette menace, il ne réagit que mollement, en tentant de manière dérisoire de dégager un bénéfice commercial de toute tentative de réponse.
Sommes-nous outillés pour empêcher notre propre extinction ? Notre constitution psychique et notre histoire jusqu’ici suggèrent malheureusement que notre espèce n’est pas à la hauteur de la tâche : la découverte que chacun d’entre nous est mortel l’a plongée dans une stupeur profonde dont plusieurs milliers d’années de rumination ne sont pas parvenues à la faire émerger.
Le dernier qui s’en va éteint la lumière propose une description réaliste et véridique de notre espèce, de ses grandes forces et de ses immenses faiblesses. Nous comprendre nous-mêmes est la condition pour renverser la tendance qui nous conduit, si nous ne réagissons pas immédiatement avec la plus extrême vigueur, droit vers l’extinction.
Anthropologue et sociologue de formation, Paul Jorion est connu du public pour avoir annoncé la crise des subprimes. Depuis, il a révolutionné le regard porté sur l’économie et la finance. Commentant l’actualité sur « Le blog de Paul Jorion », il est également chroniqueur au journal Le Monde et dans divers périodiques.
 

Extraits

(p153) Ce que nous appelons la chimie, c'est la conséquence du fait que des particules sont susceptibles de s'attirer les unes les autres ou de se repousser. Si elles s'attirent, ces structures de plus en plus complexe vont se constituer, et sur ce fondement qu'offre le chimique va apparaître la vie, qui relève du biologique. Les êtres biologiques ont une finalité : ils vont tenter de survivre assez longtemps pour se reproduire. Une stratégie d'une stupidité confondante préside donc au destin de notre espèce : n'étant pas assuré de l'immortalité, nous devons nous reproduire sans retenue, ou du moins chercher à le faire, alors que les dés sont pipés parce que notre obsolescence à part ailleurs été programmée.


(p158) la vie n'a pas de projet à proprement parler : on constate qu'elle tend à se perpétuer, les choses se limitent à cela. Si l'on devait donc évoquer le projet d'une espèce en particulier, on constaterait que ses représentants s'efforcent de survivre et assez longtemps pour avoir l'occasion de se reproduire. Tout individu est donc soumis à une double contrainte : survivre à titre personnel et se reproduire.

(p161) Lacan- "vous avez bien raison de croire que vous allez mourir, bien sûr ça vous soutiens. Si vous n'y croyiez pas, est-ce que vous pourriez supporter la vie que vous avez ?  Si on n'était pas solidement appuyé sur cette certitude que ça finira, est-ce que vous pourriez supporter cette histoire ?"

(p168) Il y a des gens heureux : ce sont ceux dont la conscience constate avec délices les actes qu'ils ont accompli. Il n'y a pas chez eux de dissonance, il n'y a pas de contradictions. Ils sont satisfaits au spectacle de leur comportement tel qu'il a eu lieu. Si vous êtes au contraire quelqu'un que vous constatez à tout moment en décalage avec ce que vous faites, vous êtes malheureux.

(p181) nous posons la réalisation d'une tâche comme un souci projeté dans l'avenir, dont l'élimination nous délivrera et nous permettra, une fois parvenu au but, de nous en assigner de nouveaux.

(p182) la quasi-totalité des religions est dans le déni, affirmant que la mort individuelle est une illusion, que nous existerons encore d'une certaine manière dans un au-delà.... nous focalisons notre attention sur cette chimère qu'est la vie après la mort dans un ailleurs inévitablement présenté comme un paradis par rapport au monde où nous vivons,  ce qui nous distrait de la tâche d'améliorer celui-ci ou du moins de le rendre ou de le garder viable.

(p185) l'espérance est un kit de survie qui nous permet de plongée en apnée le temps que les nuages les plus noirs se dissipent au-dessus de nos têtes, dans ces moments où dresser la tête hors de l'eau pour respirer signerait notre perte. L'espérance est donc une bonne chose tant qu'elle est rare.


(p270) Nous ne savons pas intégrer notre mortalité. Nous ne nous connaissons pas, conscience et volonté sont des reflets déformant de nous même. Nous sommes des marionnettes que dirigent nos désirs, nos pulsions, nos instincts (sexuel, reproductif, égoïsme, territoriale,...), bien plus que nos acquis culturels. Le langage (intime ou interpersonnel) est un artefact qui renforce l'illusion de notre volonté, un paravent derrière lequel nous cachons nos faiblesses, nos fautes, et qui nous masque la réalité.

 

Le dernier qui s'en va éteint la lumière

 



10/03/2020
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