HumanOptimiste

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Dieu voyage toujours incognito

Présentation de l'éditeur

Imaginez. Un homme vous sauve la vie, en échange de votre engagement de faire tout ce qu'il vous demande... pour votre bien. Le dos au mur, vous acceptez et vous vous retrouvez embarqué dans une incroyable situation où tout semble vous échapper. Vous n'êtes plus le maître de votre vie et pourtant... à bien des égards, elle est plus excitante qu'auparavant !
Mais peu à peu, le doute s installe en vous : quelles sont les intentions réelles de cet homme qui s'est immiscé dans votre existence ? Qui est-il vraiment ? Et qui sont ces personnages énigmatiques dans son entourage ? Les découvertes que vous faites n'ont rien pour vous rassurer.
Cette histoire, qui nous plonge dans l'atmosphère envoûtante d'un été parisien, ouvre la voie de la plus belle des réflexions sur nous-mêmes : qu'est-ce qui peut nous permettre de dépasser nos inhibitions, nos peurs et nos conditionnements, pour sortir du chemin tout tracé de notre vie lorsque celle-ci ne nous apporte pas pleinement satisfaction ?

Biographie de l'auteur

Auteur de romans psychologiques, Laurent Gounelle est un spécialiste des sciences humaines formé en France et aux États-Unis. Ses livres expriment sa passion pour la philosophie, la psychologie et le développement personnel. Son premier roman, L'Homme qui voulait être heureux, est devenu un best-seller international.

 

Extraits

(page 47) peur des gens   :

– J'ai beaucoup réfléchi à ton cas, finit-il par dire. En fait, tu as plusieurs problèmes imbriqués les uns dans les autres. Le noyau en est ta peur des gens. Je ne sais pas si tu en as vraiment conscience, mais non seulement tu n'oses pas t'imposer, ni même vraiment exprimer tes souhaits, mais tu as beaucoup de mal à aller à l'encontre de la volonté des autres et à verbaliser franchement un refus. Bref, tu ne vis pas vraiment ta vie, tu agis trop en fonction des autres par peur de leurs réactions. Les premières tâches que je vais te donner t'apprendront à surmonter ton appréhension pour accepter d'être en désaccord, à oser contredire pour exprimer tes désirs et obtenir ce que tu veux.
« Ensuite, il va falloir que tu acceptes de ne pas forcément correspondre à ce qu'attendent les gens, ne pas toujours te conformer à leurs critères, leurs valeurs, mais oser afficher ta différence, parfois même quand elle dérange. Bref, lâcher prise sur l'image que tu souhaites donner aux autres, et apprendre à ne pas trop te soucier de ce qu'ils pensent de toi.
« Lorsque tu assumeras pleinement tes différences, alors tu pourras te pencher sur celles des autres et, si nécessaire, t'y adapter. Tu pourras ainsi apprendre à mieux communiquer, à entrer en contact avec des inconnus et créer une relation de confiance, être accepté par des personnes ne fonctionnant pas comme toi. Mais il faut d'abord que tu aies accepté ce qui te rend unique, sinon tu continuerais de disparaître au profit des autres gens.
« Je vais aussi t'apprendre à convaincre, pour que tu saches obtenir ce que tu cherches. Et puis, je vais t'amener à oser, à tenter des expériences, à mettre en oeuvre tes idées, à concrétiser tes rêves. Bref, je vais faire exploser ce carcan qui t'oppresse aujourd'hui sans même que tu t'en rendes compte,et qui t'enferme complètement. Je vais t'en libérer pour que tu puisses vivre ta vie, et que tu la vives à fond.
— C'est en te frottant à la réalité que tu vas réaliser qu'elle n'est pas si terrible que ça, et que tu pourras ensuite te permettre ce que tu ne t'autorises pas à faire aujourd'hui. Je veux aussi te faire évoluer dans ta relation aux évènements de la vie. En t'écoutant hier, j'ai été souvent surpris par la façon dont tu présentes les choses que tu vis au quotidien. Je trouve que tu adoptes fréquemment un rôle de victime.
— Un rôle de victime?
— C'est juste une façon de parler pour désigner une sorte de positionnement dans lequel certaines personnes se laissent glisser sans y prendre garde. Ça consiste à vivre ce qui nous arrive comme si on nous l'imposait et que nous le subissions malgré nous.
— Je n'ai pas le sentiment d'être comme ça.

— Tu n'en as sans doute pas conscience, mais tu te mets souvent dans une position de victime quand tu utilises des expressions telles que « Je n'ai pas de chance », « Ça ne se passe pas comme je l'aurais aimé », « J'aurais préféré... ». Quand tu me décris ton quotidien, dès qu'un évènement ne se déroule pas comme tu le veux, tu as tendance à dire « Tant pis », ou « C'est dommage », « Ça m'est égal », mais tu ne le dis pas avec la sagesse de celui qui accepte sereinement une situation. Non, tu l'exprimes sur un ton de regret. C'est une acceptation résignée, et tu rappelles d'ailleurs parfois que ce n'était pas ton choix. Et puis... tu as aussi tendance à te plaindre, par moments. Tous ces indices montrent que tu te complais dans un rôle de victime...
— Peut-être que j'adopte ce rôle sans m'en rendre compte, mais en tout cas je ne m'y complais pas.
— Si. Tu y trouves des bénéfices, forcément. Notre cerveau fonctionne ainsi : à chaque instant, il nous amène à opter pour ce qu'il considère être notre meilleur choix. C'est-à-dire que, dans chaque situation que tu es en train de vivre, ton cerveau va choisir parmi tout ce que tu sais faire pour retenir ce qui lui semble le plus approprié, ce qui va t'apporter le plus de bénéfices. On fonctionne tous comme ça. Le problème est que nous ne disposons pas tous de la même palette de choix... Certaines personnes ont développé des attitudes et des comportements très variés. Donc quand elles rencontrent une situation donnée, leur cerveau dispose d'un large éventail de réactions possibles. D'autres ont tendance à faire toujours un peu la même chose, et, dans ce cas, l'éventail est limité. Le choix est alors rarement approprié...
« Je vais te donner un exemple concret : imagine une discussion entre deux inconnus dans la rue. L'un fait un reproche injustifié à l'autre. Si l'autre a beaucoup de cordes à son arc, il pourra par exemple argumenter pour lui prouver qu'il a tort, ou alors tourner la critique en dérision par un trait d'humour, ou encore lui poser des questions gênantes pour l'obliger à justifier sa position. Il peut aussi se mettre à sa place et essayer de comprendre l'origine du reproche, afin de pouvoir ensuite le détromper tout en gardant une bonne relation, ou encore choisir de l'ignorer et de passer son chemin... Bref, s'il est capable de faire tout ça, alors au moment où il entend le reproche, son cerveau dispose de nombreuses possibilités de réponses et la probabilité est élevée qu'il en retienne une vraiment appropriée à la situation : celle qui optimise son intérêt, qui lui apporte le plus de bénéfices. Maintenant, imagine qu'il s'agisse de quelqu'un qui ne sache rien faire de tout cela, alors il est probable que le seul choix auquel son cerveau aura accès sera d'insulter l'autre, ou de courber l'échine. Mais, dans tous les cas, ce sera son meilleur choix.
— Vous êtes en train de me dire que je suis un peu limité, c'est ça?
— Disons que, dans le contexte très spécifique où les choses ne se déroulent pas comme tu l'aurais souhaité, alors oui, tu disposes de peu de choix : tu as tendance à te positionner toujours un peu en victime.
— Et à supposer que ce soit vrai, quels seraient les bénéfices que j'y trouverais?
— D'après ce que j'ai mis en évidence hier, tu aimes bien passer pour celui qui fait des efforts pour les autres, et tu espères que tu seras apprécié en retour pour tes « sacrifices ». Et puis, tu aimes aussi un peu te faire plaindre et attirer ainsi la sympathie des gens. Entre nous, c'est bidon : toutes les études montrent qu'on se sent tous plus attirés par ceux qui assument leurs choix et vivent ce qu'ils ont choisi de vivre. Finalement, tes jérémiades n'émeuvent que toi...
— Il n'empêche qu'objectivement, vraiment objectivement, je crois avoir eu moins de chance que d'autres dans la vie, à ce jour. À commencer par mon milieu social d'origine. Je suis désolé, mais c'est beaucoup plus facile d'être heureux quand on est né dans un milieu aisé où l'on a tout ce qu'on veut.
— Arrête ! C'est des conneries, tout ça...
— Absolument pas. Tous les sociologues vous diront que les enfants issus des milieux sociaux favorisés ont statistiquement beaucoup plus de chances de faire des études supérieures que les enfants des milieux modestes, et donc d'avoir accès à des métiers plus valorisés.
– Mais ça n'a rien à voir avec le bonheur! On peut être un ingénieur malheureux, ou un ouvrier heureux. L'injustice porte surtout sur l'amour et l'éducation qu'un enfant reçoit de ses parents, qui, en effet, vont contribuer à son bonheur futur. Là, d'accord, il y a des défavorisés. Mais c'est sans rapport avec le milieu social. Ce n'est pas parce qu'on est riche qu'on sait donner de l'amour à ses enfants et bien doser l'autorité pour les éduquer ! Regarde autour de toi. (...)
–    Alan...
–    Quoi ?
–    Alan, il n'y a pas de victime heureuse. Tu entends? Ça n'existe pas. (...) Pour moi, la meilleure façon est d'apprendre à faire autre chose. Une fois de plus, si te poser en victime est ton meilleur choix, c'est clairement que ton cerveau n'a pas beaucoup d'autres possibilités. Donc il faut que tu en développes. Tu comprends, la nature a horreur du vide. Alors, si l'on essaye juste de supprimer ce rôle de victime et que tu ne sais rien faire d'autre à la place, ça ne marchera pas. Tu résisteras au changement. Le mieux est donc que tu découvres que tu peux faire autre chose. Ensuite, je suis confiant : ton cerveau choisira vite de lui-même cette nouvelle option si elle t'apporte plus de bénéfices.
– Et ce sera quoi, cette nouvelle option ?
– Eh bien, je vais t'apprendre à obtenir ce que tu veux au quotidien. Si tu y parviens, alors tu n'auras plus besoin de te poser en victime. Écoute, je sais que ce n'était qu'une anecdote, mais tu m'as scié hier quand tu m'as raconté que ton manque de chance te poursuivait jusque dans les actes insignifiants de la vie quotidienne. Tu m'as dit que lorsque tu achetais une baguette à la boulangerie, tu héritais régulièrement d'une baguette trop cuite alors que tu l'aimes bien blanche !
– C'est exact.
– Mais c'est n'importe quoi ! Ça veut dire que tu n'es même pas capable de dire : « Non, celle-ci est trop cuite, je voudrais celle d'à côté. »
– Mais si, j'en suis capable ! C'est juste que je ne veux pas embêter la boulangère alors qu'elle a plein de clients qui attendent. C'est tout.
– Mais ça ne lui prendrait que deux secondes ! Tu préfères manger un pain trop cuit, que tu n'aimes pas, plutôt que de prendre deux secondes de son temps ! Non, la vérité, c'est que tu n'oses pas lui dire. Tu as peur de la contrarier pour obtenir ce que tu veux. Tu as peur qu'elle te trouve exigeant, désagréable, et qu'elle ne t'aime pas. Et tu as peur que les autres clients soient agacés, s'impatientent.
– C'est possible...
– Sur ton lit de mort, tu pourras dire : « Je n'ai rien fait de ma vie, je n'ai rien eu de ce que je voulais, mais tout le monde m'a trouvé gentil. » Génial.

 

(page 93) liberté  :

– Moi, je ne joue pas de jeu comme les autres, je suis naturel, alors il en profite.
– Non, c'est plus vicieux que ça. Toi, Alan, ce qui te caractérise, c'est précisément... que tu n'es pas libre. Tu n'es pas libre, alors il t'enferme un peu plus encore dans la prison où tu te trouves...
Un silence, dense, tandis que je digérais le coup reçu. Puis mon sang ne fit qu'un tour, et je sentis la colère monter en moi. Qu'est-ce qu'il me raconte, là?
– Mais c'est le contraire ! C'est tout le contraire ! Je ne supporte pas que l'on porte atteinte à ma liberté !
– Regarde ce qui s'est passé avec le chauffeur de taxi. Tu as dû te forcer pour exprimer des opinions contraires aux siennes, disais-tu. Les gens comme lui sont pourtant des inconnus que tu ne reverras jamais. Ta vie, ton avenir ne dépendent pas d'eux, d'accord? Et pourtant, tu éprouves le besoin de plus ou moins te conformer à... ce qui fera qu'ils t'apprécient. Tu crains de décevoir et d'être rejeté. C'est pour ça que tu ne t'autorises pas à exprimer vraiment ce que tu ressens, ni à te comporter selon tes souhaits. Tu fais des efforts pour t'adapter aux attentes des autres. Et c'est de ta propre initiative, Alan. Personne ne te le demande.
– Mais cela me semble tout à fait normal ! D'ailleurs, si chacun faisait des efforts pour les autres, c'est la vie de tout le monde qui serait améliorée.
– Oui, sauf que, dans ton cas, ce n'est pas un choix. Tu ne te dis pas sur un ton détaché : « Tiens, aujourd'hui je vais faire ce que l'on attend de moi. » Non, c'est inconsciemment que tu t'obliges à le faire. Tu crois que sinon, on ne t'aimera pas, on ne voudra plus de toi. Alors, sans même t'en rendre compte, tu t'imposes beaucoup de contraintes. Ta vie devient très contraignante et, du coup, tu ne te sens pas libre. Et... tu en veux aux autres.
J'étais abasourdi. Un vrai coup de massue sur la tête. Je m'attendais à tout sauf à ça. Les choses, les idées, les émotions, tout se bousculait dans ma tête et me faisait perdre pied. J'avais le vertige. J'aurais voulu rejeter violemment l'analyse de Dubreuil, mais une partie de moi sentait confusément une part de... vérité. Une vérité dérangeante. Moi qui jusqu'ici avais passé ma vie à ressentir péniblement la moindre atteinte à ma liberté, à subir l'emprise des autres, on m'affirmait que j'étais l'artisan de ma souffrance.
— Et vois-tu, Alan, quand on s'oblige à ne pas décevoir les autres, pour répondre d'une certaine manière à leurs attentes envers nous, ou encore pour respecter leurs usages, eh bien, figure-toi que cela pousse certaines personnes à devenir très exigeantes avec nous, comme si elles sentaient que c'est notre devoir de nous soumettre à leurs désirs. Cela leur semble en effet tout à fait normal. Si tu culpabilises à l'idée de quitter le bureau de bonne heure, alors ton patron te fera encore plus culpabiliser. Et il n'a pas besoin d'être un pervers pour cela. C'est sans doute inconscient : il sent que ce n'est pas acceptable pour toi de partir tôt, donc il trouve que cela ne l'est pas. C'est toi qui induis sa réaction. Tu comprends ?
Je ne dis rien. Je restai silencieux. (...)
— Alan, reprit-il, la liberté est en nous. Elle doit venir de nous. Ne t'attends pas à ce qu'elle vienne de l'extérieur. Ses mots résonnèrent dans mon esprit.
— C'est possible, finis-je par admettre.
— Tu sais, il y a eu plein d'études menées sur les rescapés des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. L'une d'elles a montré ce que les survivants avaient presque tous en commun : c'était de rester libres dans leur tête. Par exemple, s'ils n'avaient qu'un petit morceau de pain à manger pour la journée, ils se disaient : « Je suis libre de manger ce pain quand je veux. Je suis libre de choisir à quel moment je vais l'avaler. » À l'aide de choix qui peuvent paraître aussi dérisoires que cela, ils gardaient en eux un sentiment de liberté. Et il semblerait que ce sentiment de liberté les ait aidés à rester en vie...
(...)
- Comment puis-je... euh... devenir plus libre en moi ?
Il n'y a pas une recette toute faite, ni une seule manière d'y parvenir. Un bon moyen, cependant, est de choisir de faire pendant un certain temps ce qu'habituellement on évite soigneusement...
– Dites-moi, j'ai un peu l'impression que tout ce que vous me conseillez depuis le début consiste à faire ce que je n'aime pas faire. C'est comme ça qu'on évolue dans la vie?
(...)
– C'est plus complexe que ça. Mais quand, dans la vie, on s'arrange pour se tenir éloigné de tout ce qui nous fait peur, on s'empêche de découvrir que la plupart de nos peurs sont des créations de notre esprit. La seule façon de savoir si ce que l'on croit est erroné ou pas, c'est d'aller le vérifier sur le terrain ! C'est donc parfois utile de se prendre par la main, quitte à se faire en effet un peu violence, pour expérimenter ce qui nous angoisse afin de se donner une chance de réaliser qu'on s'est peut-être trompé.

 

(page 155) moments difficiles :

La vie est ainsi ; on réalise rarement dans l'instant que les moments difficiles ont une fonction caché : nous amener à grandir. Qu'il s'agisse d'un échec, d'une maladie, où des vicissitudes du quotidien , on n'a pas toujours envie d'accepter le cadeau, ni le réflexe de le déballer pour découvrir le message caché qu'il contient : Nous faut-il apprendre la volonté, le courage ? Ou au contraire apprendre le lâcher prise sur ce qui n'a finalement que peu d'importance ? La vie me demande-t-elle d'écouter un peu plus mes envies et mes aspirations profondes ? Prendre la décision d'exprimer les talents dont elle m'a paré ? Cesser d'accepter ce qui ne correspond pas à mes valeurs ? Qu'ai-je besoin d'apprendre dans cette situation ?

Quand l'épreuve survient, on réagit souvent avec colère ou désespoir, rejetant légitimement ce qui nous semble injuste. Mais la colère rend sourd, et le désespoir aveugle. Nous laissons passer l'occasion qui nous a été offerte de grandir. Alors, les coups durs et les échecs se multiplient. Ce n'est pas le sort qui s'acharne contre nous, c'est la vie qui tente de renouveler son message.

 

(page 277) jugement  :

- L'idée n'est pas d'adhérer aux valeurs de son ennemi. Mais il est utile de faire une distinction dans ton esprit entre la personne et ses valeurs. Même si les valeurs sont abjectes, la personne est toujours récupérable. Donc que ce qui compte, c’est de renoncer ponctuellement à juger ces valeurs, de te dire que même si elle te choque, le seul espoir que tu as d'amener cette personne a évolué dans sa vision est lié au fait de ne pas la rejeter en bloc avec ses idées. Entrer dans son univers signifie alors essayer de te mettre à sa place, comme si tu étais dans sa peau pour expérimenter de l'intérieur ce que c’est de croire ce qu'elle croit, de penser ce qu'elle pense, de ressentir ce qu'elle ressent, avant de retourner à ta position. Seule cette démarche te permet de vraiment comprendre sans jugement cette personne, ce qui l'anime, et aussi ce qui l'amène peut-être à se tromper, si c'est le cas. Il y a une différence entre adhérer les comprendre. Si tu te mets suffisamment à la place de ton patron pour comprendre son mode de pensée sans le juger, tu seras plus tolérant à son égard, ce qu'il sentira, et, dès lors, tu pourras caresser l'espoir qu'il change. (...) Si tu parviens, en entrant sans jugement dans l'univers de ton ennemi, en te glissant dans sa peau, son ressenti et son mode de pensée, à créer cette qualité de relation humaine si rare  qu'il ne l'aura peut-être jamais vécu auparavant, il aura au fond de lui tellement envie de la préserver qu'il te suffira de redevenir progressivement toi même en sa présence, d'exprimer de façon naturelle tes propres valeurs, pour qu’il désire alors s'y intéresser. Tu n'aura pas besoin de lui demander de changer ni de lui faire une leçon de morale. être toi-même sera suffisant, grâce à la relation que tu auras induites. Tu lui auras donné inconsciemment envie de s'ouvrir à toi, à ta différence, de découvrir à son tour tes valeurs et finalement d'accepter de se laisser un peu influencé, d'évoluer sur ses positions, de changer.

- Vous voulez dire que, l'ayant rejoint sur son terrain, je lui donne envie de venir découvrir le mien ?

- En quelque sorte. Il y a ce moment-là, en étant toi-même, tu lui présente un autre modèle du monde, une autre vision des choses, une autre façon de se comporter et d'agir, auquel il s'intéressera sans que tu aies de reproche à lui faire ou de demande à formuler.

 

(page 128) communication :

- Je vais te confier un secret. Un secret pour te permettre d'entrer en relation avec n'importe qui, même d'une culture différente de la tienne. Entrer en relation et donner tout de suite à cette personne l'envie d'échanger avec toi, d'écouter ta parole, de respecter ton point de vue, même s'il est différent du sien, et de te parler avec sincérité. (...)

–  Vous avez le mode d'emploi ?
Il sourit.
–  Si l'on restait à un niveau purement mental, je formulerais ce secret différemment. Je te dirais quelque chose du genre : « Cherche à comprendre l'autre avant de chercher à être compris. » Mais ça va bien au-delà. On ne peut résumer la communication entre deux êtres à un simple échange intellectuel. Elle se passe aussi à d'autres niveaux, simultanément...
–  D'autres niveaux ?
–  Oui, notamment sur le plan émotionnel : les émotions que tu ressens en présence de l'autre sont perçues, souvent inconsciemment, par ton interlocuteur. Si tu ne l'aimes pas, par exemple, même si tu parviens à le cacher parfaitement, il le ressentira d'une manière ou d'une autre.
–  C'est probable...
–  L'intention que l'on a est aussi quelque chose que l'autre ressent.
–  Vous voulez dire ce que l'on a en tête pendant la conversation ?
–  Oui, et pas forcément consciemment, d'ailleurs... Un exemple : les réunions de bureau. La plupart du temps, dans ces réunions, quand un individu pose une question, il n'a pas véritablement l'intention d'obtenir une réponse.
– Comment ça?
– Son intention peut être juste de montrer qu'il pose des questions intelligentes... Ou encore de mettre mal à l'aise son interlocuteur devant le reste de l'assistance, ou de prouver qu'il s'intéresse au sujet, ou encore de prendre un leadership sur le groupe...
– Oui, ça me rappelle quelques souvenirs, en effet !
– Et assez souvent, c'est bien l'intention qui est perçue par l'interlocuteur, plus que la question elle-même. Quand quelqu'un cherche à nous coincer, on le sent bien, n'est-ce pas, même s'il n'y a rien dans ses paroles qu'on puisse objectivement lui reprocher.

– C'est clair...
– Je pense qu'il se passe aussi des choses à un niveau... spirituel, même s'il est plus difficile de démontrer quoi que ce soit dans ce domaine.
– Bon, alors concrètement, qu'est-ce que je fais de votre belle formule magique ?
– Embrasser l'univers de l'autre, c'est d'abord faire mûrir en toi l'envie d'entrer dans son monde. C'est t'intéresser à lui au point de vouloir expérimenter ce que c'est que d'être dans sa peau : prendre plaisir à essayer de penser comme lui, de croire ce qu'il croit, et même de parler comme lui, de se mouvoir comme lui... Quand tu parviendras à ça, tu seras en mesure de ressentir assez justement ce que l'autre ressent et de vraiment comprendre cette personne. Chacun de vous se sentira en phase avec l'autre, sur la même longueur d'onde. Tu peux, bien sûr, regagner ensuite ta position. Vous conserverez une qualité de communication profitable à tous les deux. Et tu verras que l'autre cherchera alors aussi à te comprendre. Il se mettra à s'intéresser à ton univers, mû notamment par le désir de faire perdurer une telle qualité de relation.

 

(page 176) ennemi :

- Ce n'est pas évident, repris-je, de se mettre dans la peau de quelqu'un dont on n'aime pas particulièrement l'univers. (...)

- Le principe, c'est de t'intéresser à sa personne au point d'essayer de ressentir le plaisir que lui peut trouver dans les chiffres. C'est très différent... Ainsi, lorsque tu te synchronises sur ses mouvements, que tu endosses ses valeurs, que tu partages ses préoccupations, fais-le simplement dans l'intention de te glisser dans sa peau pour vivre son univers de l'intérieur.
– Ok. Ce que vous voulez dire, c'est que je n'ai pas à essayer de m'intéresser aux chiffres, mais juste de me mettre dans ses baskets en me disant : « Tiens, qu'est-ce que ça fait? Qu'est-ce qu'on ressent quand on s'intéresse aux chiffres?» C'est ça?
– Exactement ! Et de prendre plaisir à expérimenter ce qui est en l'occurrence complètement nouveau pour toi... Et c'est là que le miracle va s'opérer sur le plan relationnel, que vous allez être vraiment en phase.
(...)
– Il y a quand même une limite. Ça ne marche pas avec tout le monde.
– Si. C'est même le propre de cette démarche.
– S'il faut s'intéresser sincèrement à la personne de l'autre pour que ça fonctionne, c'est quasi impossible de faire ça avec... ses ennemis.
– C'est au contraire le meilleur moyen de les combattre. J'embrasse mon rival, mais c'est pour l'étouffer.
– Quand on déteste quelqu'un ou qu'il nous fait souffrir, on n'a absolument pas envie de se glisser dans sa peau pour ressentir ce qu'il ressent...
– C'est vrai, et pourtant, c'est souvent la seule façon de comprendre ce qui le motive à se comporter de la sorte avec nous. Tant qu'on reste à sa place, on se contente de rejeter l'autre, mais ça ne change rien à la situation. On n'a pas d'influence sur lui. Tandis que si tu te mets à sa place, tu peux découvrir pourquoi il agit ainsi. Si c'est un tortionnaire, alors regarde la scène avec ses yeux de tortionnaire, et tu comprendras ce qui le pousse à torturer. C'est le seul espoir que tu aies de le faire arrêter. On ne change pas les gens en les rejetant.
–    Mouais...
–    Quand tu rejettes quelqu'un, ou même simplement ses idées, tu le pousses à fermer les écoutilles et à camper sur ses positions. Pourquoi s'intéresserait-il à ce que tu as à dire si tu refuses son point de vue ?
– C'est pas faux...
– Si tu fais l'effort – parfois désagréable – d'endosser sa vision des choses, tu saisis ce qui l'amène à penser ce qu'il pense, à se comporter comme il se comporte. Et s'il se sent compris et non pas jugé, il pourra peut-être entendre ce que tu as à dire pour faire évoluer sa position.
– Ça ne doit pas marcher à tous les coups...
– Certes, mais la démarche inverse ne marche jamais.
– Je vois ce que vous voulez dire.
– D'une façon générale, plus tu cherches à convaincre quelqu'un, et plus tu génères de résistance chez lui. Plus tu veux qu'il change d'avis, et moins il en change. D'ailleurs, les physiciens le savent depuis longtemps...
– Les physiciens ? Mais quel est le rapport entre la physique et les relations humaines ?
– C'est la loi de la dynamique. Isaac Newton a prouvé que lorsque tu exerces sur un matériau une force d'une certaine intensité, cela engendre une force contraire de même intensité.
– Oui, ça, je me souviens vaguement...
– Eh bien, c'est pareil pour les relations humaines : quand tu déploies de l'énergie à essayer de convaincre quelqu'un, c'est comme si tu envoyais dans sa direction une force qui s'exerce sur lui, qui le pousse. Il le ressent, et ça l'amène à pousser dans le sens contraire. Pousse-le, il te repousse.
— Bon, quelle est la solution, alors? Parce que si ce que vous dites est vrai, plus on veut convaincre et moins on y parvient, c'est bien ça? Alors on fait quoi, au juste ?
— On ne pousse pas, on tire...
— Mouais... Concrètement, ça donne quoi ?
— Pousser, c'est partir de notre position et vouloir l'imposer à l'autre. Tirer, c'est partir de la position de l'autre, et petit à petit l'amener à soi. Tu vois, on reste dans la philosophie de la synchronisation. On entre là aussi dans l'univers de l'autre, cette fois-ci pour lui permettre d'en changer. Mais le point de départ est toujours le même : aller chercher l'autre là où il est.
— Pousse-le, il te repousse...
Je me répétai à mi-voix la formule de Dubreuil, pensant à toutes les fois où j'avais effectivement fait preuve de conviction, en vain.
— Le contraire est vrai aussi, d'ailleurs. Quand tu cherches à te débarrasser de quelqu'un d'intrusif, plus tu le repousses, plus il va insister.

 

(page 184) vengeance :

- Vous dites que l'on se fait du mal à soi-même quand on cherche à se venger. J'accepte cette idée, mais j’ai le sentiment que ravaler ma colère me ferait au moins autant de mal !

- Ta colère produit une énergie, une force, et cette force peut être réorientée et utilisé pour agir et servir tes intérêts, tandis que la vengeance ne t'apporte rien, elle ne fait que détruire.

- C'est bien joli mais, concrètement, comment je fais ?

- Il faut déjà, avant tout, que tu exprimes ce que tu as sur le coeur, soit en disant simplement à ce type ce que tu penses de ce qu'il a fait, soit en le faisant de façon symbolique.

- De façon symbolique ?

- Oui, tu peux par exemple lui écrire une lettre dans laquelle tu vides ton sac et exprimes toute ta rancoeur, puis noyer cette lettre dans la Seine ou la brûler.

- ça sert à quoi ?

- A te purger de la haine accumulée en toi qui te fait du mal. Il faut que ça sorte. ça te permettra de passer à la seconde phase. Tant que tu restes dans un état de colère, ton esprit est obnubilé par le désir de revanche et ça t'empêche d'agir pour toi. Tu rumines, tu ressasses tes griefs, et tu n'avance pas. Tes émotion te bloquent ; il faut les libérer. Un acte symbolique peut le permettre.

- Et la seconde phase, c'est quoi ?

- La seconde phase, c'est d'utiliser l'énergie issue de la colère pour agir, par exemple pour réaliser ce que tu n'aurais jamais osé faire. Quelque chose de constructif qui servent vraiment tes intérêts.

 

 

(page 403 et 423) Changement :

Que de chemin parcouru depuis ce jour... Que d'émotions, de tensions, d'angoisses, mais aussi d'espoirs, de progrès, d'avancées... Je n'avais bien sûr pas changé en tant que personne. J'étais toujours le même et il était impossible qu'il en soit autrement. Mais j'avais le sentiment de m'être libéré de mes chaînes comme un bateau largue les amarres qui le retiennent au quai. J'avais découvert que la plupart de mes peurs n'étaient qu'une création de mon esprit. La réalité revêt parfois la forme d'un dragon effrayant qui s'évanouit dès qu'on ose le regarder en face. J'avais apprivoisé les dragons de mon existence, et celle-ci me semblait maintenant peuplée d'anges bienveillants.

J'essayai de comprendre le sens de ce qui nous arrivait. J'étais devenu convaincu que les choses ne venaient pas à nous par hasard. Le hasard... La vie voulait peut-être me défier sur mes valeurs... Je m'étais peut-être laissé prendre au piège, confondant sans doute le besoin que nous avons tous d'évoluer et la seule ascension sociale. La véritable évolution n'est-elle pas intérieure ? C'est en se changeant soi-même que l'on devient heureux, pas en changeant ce qui nous entoure.



13/04/2011
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