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Bourse

"À sa création, la Bourse avait pour fonction de permettre aux entreprises de recueillir de l'argent auprès du public pour financer leur développement. Ceux qui choisissaient d'investir, qu'ils soient petits ou grands, faisaient confiance à une entreprise et se fiaient à sa capacité de se développer dans le temps. Ils adhéraient à son projet. Puis l'appât du gain a poussé certains à investir sur des périodes de plus en plus courtes, déplaçant leurs capitaux d'une société à une autre pour essayer de capter des hausses ponctuelles, maximisant ainsi leurs revenus annuels. Cette spéculation s'est généralisée et les banquiers ont inventé ce qu'ils appellent des outils financiers permettant de faire toutes sortes de paris sur l'évolution des cours, y compris en misant à la baisse. Celui qui spécule sur la baisse d'une action gagnera de l'argent si l'entreprise se met à aller mal. Un peu comme si vous spéculiez à la baisse sur la santé de votre voisin. Imaginez : il a un cancer. Vous pariez mille euros que sa santé va décliner fortement d'ici à six mois. Trois mois plus tard, il fait des métastases ? Génial ! Vous avez gagné 20 %... Bien sûr, vous pensez que ça n'a rien à voir, qu'il s'agit d'une personne et non d'une entreprise. Nous y voilà. Depuis que la Bourse est devenue un casino, on oublie sa fonction première, et l'on oublie surtout que derrière les noms d'entreprises sur lesquelles on mise comme à la roulette, il y a des gens, des personnes en chair et en os, qui y travaillent et y consacrent une partie de leur vie.

Le cours des actions est directement lié aux perspectives de gains à court terme. Pour qu'il monte, la société doit publier chaque trimestre des résultats mirobolants. Or une société, c'est un peu comme une personne. Sa santé connaît des hauts et des bas, et c'est tout à fait normal. Et parfois même, comme pour un être humain, une maladie permet de prendre un peu de recul, de voir les choses différemment, de réorienter sa trajectoire, puis de repartir avec un nouvel équilibre, plus fort qu'auparavant. Encore faut-il l'accepter et être patient. Si, en tant qu'actionnaire, vous niez cette réalité, alors l'entreprise niera ses difficultés, vous mentira, ou prendra les décisions qui généreront coûte que coûte des résultats flatteurs à court terme. En publiant de fausses offres d'emploi ou en s'adressant délibérément à des clients insolvables, un président d'entreprise ne fait que répondre aux exigences d'un jeu dont les règles sont intenables.

Cette exigence de croissance du cours entraîne une pression énorme sur tout le monde, du président au dernier entré des salariés. Elle empêche de travailler convenablement et sereinement. Elle pousse à une gestion à court terme qui n'est bonne ni pour l'entreprise, ni pour les salariés, ni pour ses fournisseurs qui, pressés à fond, vont également répercuter cette pression sur leurs propres salariés et leurs propres fournisseurs... On en arrive à voir des sociétés en bonne santé licencier, rien que pour maintenir ou accroître leur taux de rentabilité. Cette menace plane dorénavant sur chacun d'entre nous, nous poussant dans un individualisme qui affecte l'ambiance entre collègues. Au final, nous nous retrouvons tous à vivre dans le stress. Le travail n'est plus un plaisir, alors que je suis convaincu qu'il devrait l'être."

 

 Explication d'après le livre de Laurent Gounelle, "Dieu voyage toujours incognito".



30/05/2011
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